Berlin – Le Passage du temps
(Lieux et monuments-6)
Installation vidéo de Pierre Hébert

Cette oeuvre web est une adaptation de l’installation vidéo Berlin – Le passage du temps, modifiée selon les limites et les fonctionnalités propres à un site internet. Dans cette version, plutôt que d’être placés côte à côte, les quatre écrans sont disposés en carré, ce qui, écran d’ordinateur oblige, exclut toute déambulation. Plutôt que d’être regroupés au sein de quatre boucles figées, les segments sont répartis en douze entités qui sont choisies au hasard pour se succéder sur chacun des écrans, avec comme seule règle qu’un segment ne peut jouer que sur un seul écran à la fois. Il s’en suit une combinatoire plus ouverte. C’est la grande particularité de la version web.

La première fois que je suis allé à Berlin, ville qui semblait très prometteuse pour mon travail, je n’ai d’abord rien trouvé à tourner. Tout ce qui touchait à l’histoire me semblait stéréotypé. Il m’a fallu pénétrer patiemment dans la texture de la ville, avec l’aide d’amis qui m’ont entraîné, l’un à l’aéroport Tempelhof qui recèle, entre ses pistes abandonnées, la mémoire du pont aérien de 1948/49, et l’autre, devant le chantier de reconstruction du palais impérial des Hohenzollern, sur cette esplanade où se sont succédé tant d’édifices de pouvoir. Les pélerinages sur la Bertolt-Brecht-Platz et sur la Walter-Benjamin-Platz tenaient de mon panthéon personnel. J’ai croisé les mariés de Brandenburger Tor et l’accordéoniste de Friedrichstrasse par pur hasard. Le «mur» fut une affaire plus ardue. Pour la dénouer, il a fallu, à Postdamerplatz, un pigeon insouciant traversant la ligne de démarcation et, sur Rudolfstrasse, un maçon travaillant tranquillement devant moi et ma caméra, sans nous remarquer. 

Les images de Berlin ont proliféré, imposant la forme kaléidoscopique d’une installation et d’un site web plutôt que celle de films. L’alternance des divers segments sur les quatre écrans proposent un récit en spirale, sans début ni fin, devant lequel le visiteur alternera entre la contemplation globale des interactions croisées et la vision concentrée de capsules qui constituent autant de petits films presque autonomes qui peuvent être vus en mode plein écran. Peu importe le temps qu’il y passera, il sera marqué par l’expérience d’un état de l’histoire dont il portera en lui la totalité telle que perçue dans le prisme du plus court instant.

Générique
Réalisation, tournage, montage et animation : Pierre Hébert
Assistants : Nicolas Brault et Clémence Renaud-Allaire.
Musique : John Barrett
Mixage : Luc Boudrias
Merci à John Barrett, Philippe Noble et Paolo Polesello pour leur aide lors des tournages à Berlin.
Cette œuvre a été possible grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec et du centre d’artiste Vidéographe.
Production de la version web : Ottoblix
Programmation : François Genois
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